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Le plâtre est conservé au musée du Centre d'art contemporain Reina Sofia, à Madrid. Trois exemplaires en bronze seront coulés : l'un se trouve au musée Picasso à Paris, le second au musée de Philadelphie, le troisième sur la place du Marché, à Vallauris. L'homme au mouton occupe une place à part dans l'oeuvre sculpté de Picasso, où l'on ne trouve que peu de personnages masculins, et encore moins d'évocations de mythes religieux, quand on pense ici à l'Hermès Chriophore des anciens Grecs ou au Bon Berger des premiers Chrétiens. Cependant, pour Picasso, « Ce n'est pas du tout religieux. L'homme pourrait porter un porc au lieu d'un mouton! Il n'y a pas de symbolisme là-dedans. C'est simplement beau (... ). Dans l'homme au mouton, j'ai exprimé un sentiment humain, un sentiment qui existe aujourd'hui comme il a toujours existé » (Picasso, Permanence du sacré, in Xxe siècle, décembre 1954, n' 24). Quant à la facture, elle se caractérise par un modelé très libre, la sculpture paraissant faite d'un seul jet. Les yeux sont exhorbités, les jambes et les mains disproportionnées, le sexe inexistant. Ces particularités feront dire à Kahnweiler: « Cela n'est ni ancien, ni moderne, ni grec, ni cubiste. Rien n'est préconçu. Tout est spontané, libre, dans les sculptures de Picasso de ces années de guerre, soit qu'il modèle passionnément, sans souci d'une matière préexistante, comme dans le Chriophore, soit qu'il s'abandonne aux fatalités d'objets pris au hasard, semble-t-il, qu'il troue, entaille, assemble, pour les transformer en signes » (D.H. Kahnweiler, Les sculptures de Picasso, Paris, Chêne, 1948).
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