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En 1948, Picasso s'installe à Vallauris en compagnie de Françoise Gilot. L'année qui suit cette arrivée, l'artiste offre à la ville l'un des trois moulages en bronze de la statue L'homme au mouton « pour remercier la population de l'accueil qu'elle lui a réservé ». Picasso souhaite que la statue soit placée sur une place publique. Ce voeu sera exaucé le 6 août 1950, lors de l'inauguration de la statue sur la place du Marché.
En présentant une partie des dessins préparatoires à l'oeuvre et en retraçant les différentes étapes de sa réalisation, l'exposition permet de comprendre la genèse de cette sculpture.
L'homme au mouton trouve son origine dans une eau-forte intitulée Paris, 14juillet 1942. On y voit un homme barbu, entouré de personnages qui lui offrent des cadeaux parmi lesquels un agneau. Dès le lendemain, Picasso entreprend une série de dessins reprenant cette figure de l'homme au mouton : 54 esquisses vont ainsi se succéder, du 15 juillet 1942 au 31 mars 1943, qui aboutissent à la réalisation de la sculpture, en février ou mars 1943. Deux autres dessins, en août de la même année, viennent clore la série.
S'ils témoignent d'une grande constance dans le choix du thème, ces dessins préparatoires indiquent une dramatisation dans le traitement du sujet. Le premier dessin montre un jeune homme serrant paisiblement dans ses bras un mouton. Très vite, le mouton est ligoté, la tête en torsion, implorant. Quant à l'homme, d'abord jeune et imberbe, il est bientôt représenté d'âge mûr et barbu, chauve enfin dans la sculpture.
Si l'étape des dessins préparatoires est longue -elle dure plus de six mois-, la réalisation de la sculpture est très rapide. « Quand je commence une série de dessins comme ceux-là, je ne sais jamais s'ils vont rester à l'état d'ébauche ou prendre corps dans une oeuvre durable. Mon attention s'est fixée sur l'homme portant l'agneau, je l'ai vu en relief, et puis dans l'espace. Ce ne pouvait être une peinture ; il fallait que ce soit une sculpture. J'en ai eu une vision si claire qu'elle était comme réalisée. J'ai demandé à un praticien de construire une armature de fer dans les proportions que je lui ai indiquées. Et puis je n'ai touché à rien pendant environ deux mois. Mais j'y pensais sans cesse. J'ai fait monter deux grandes lessiveuses pleines de terre glaise, et, quand je me suis enfin mis au travail, j'ai tout terminé en deux après-midi. » (Françoise Gilot, Vivre avec Picasso, Paris, Calmann-Lévy, 1973).
Pour renforcer la solidité de l'ouvrage, Picasso le fait mouler en plâtre. En novembre 1943, Brassai vient dans l'atelier des Grands Augustins photographier ce moulage. En faisant pivoter la sculpture, Brassai provoque la chute de l'une des pattes du mouton, celle précisément qui était libre et s'avançait hardiment.
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